Le problème n’est pas Macron

Éric Le Boucher éditorialiste des Échos et soutien actif de la politique d’Emmanuel Macron, clame dans un de ses derniers éditos «  les Français pâtissent d’inculture économique ». (1)

D’après lui les réformes d’Emmanuel Macron sont «  le fruit de raisonnements économiques auxquels n’entendent rien la plupart de nos concitoyensLa plus résistante des difficultés auxquelles se heurte le président de la République n’est pas politique, … elle est culturelle. Les français ne comprennent absolument rien aux raisonnements qui structurent ses réformes. » « Les français, c’est à dire l’opinion, mais aussi nombre de catégories importantes comme les fonctionnaires, les juges, la plupart d’intellectuels, commentateurs, la plupart des journalistes ».

« La plupart des journalistes » surement pas les plus résistants ! En voyant la dernière interview d’Emmanuel Macron sur TF1, on se serait cru à la télé d’état d’une dictature tellement la docilité et le grand vide y étaient de mise. Les commentateurs politiques ont été toute fois nombreux à réagir. Certains journalistes (peut-être les mêmes dont parle précédemment Éric le Boucher), on trouvé l’exercice complaisant (Bourdin), renouvelant avec les pires heures de l’ORTF (Le Point), une interview debout par un journaliste couché (Mediapart).

Il y a ceux qui reconnaissent qu’il (Delahousse) aurait pu être plus incisif (Haim) mais la palme revient à Achilli, soutien à tout épreuve de Macron, un regard sur l’évolution de notre société, de sa classe politique

Qu’Éric le Boucher ne s’inquiète pas trop, suffisamment de journalistes et d’éditoriaux sont là pour soutenir quoi que notre très cher président fasse. Ce qui est peut-être plus préoccupant que l’inculture économique des Français (même s’il n’a peut-être pas tout à fait tort sur ce point) c’est de considérer la politique comme uniquement de la communication.

La manipulation médiatique ou la fabrique du consentement par les journalistes, les commentateurs et les politiques constituent l’instrument de gouvernement permanent des régimes démocratiques. Elle est, pour eux, ce que la propagande est aux dictatures.(2) L’opinion publique est le maitre mot de cette manipulation dont on se sait plus qui de l’oeuf ou de la poule est l’origine de l’opinion.

Il faut ajouter à cette fabrique du consentement la notion de toute-puissance de l’individu présente dans le capitalisme : l’individualisme.

Le narcissisme du sujet moderne et de la toute-puissance décrit par Freud ou Lacan agit dans notre société d’aujourd’hui en « je pense donc je suis » penser en dehors du monde  complètement déconnecté de l’histoire anthropologique et politique de l’humanité. …Avec la défaillance des figures religieuses puis politiques, il n’y aurait plus, dans le social, d’autres références communes que le marché et ses promesses. (3)

Vouloir comprendre la politique sous cet angle du « marketing » c’est se soustraire du débat d’idées plurielles et de compréhension du capitalisme. Certainement qu’Éric le Boucher a raison sur un point au moins : les français ne comprennent rien, non pas au réforme de Macron mais au capitalisme !

Il est urgent de mieux comprendre le capitalisme et la notion de valeur décrit chez Marx, comme il est important de réfléchir à ce qui est notre valeur,(travail concret- travail abstrait) la force de travail qui crée le capital. Ce n’est qu’a ce prix que l’on s’émancipera du consentement et de la manipulation.

(1)ACRIMED :  http://www.acrimed.org/L-inculture-economique-des-Francais-et-les

(2) Noam Chomsky – Le Monde Diplomatique :  https://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992

(3) Christian Laval – Le nouveau sujet du capitalisme :  https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2011-2-page-413.htm

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