Quelle est l’utilité de l’ESS dans le capitalisme ?

Le Ministère de la transition écologique et solidaire et le Haut-Commissaire à l’ESS ont annoncé le lancement jeudi 18 janvier “French Impact”, l’Accélérateur national d’innovation sociale.
Le média le « Socialter » titrait : French Impact : « faisons tomber les barrières de l’Économie Sociale et Solidaire … C’est l’occasion d’ouvrir l’Économie Sociale et Solidaire à de nouveaux secteurs ». (1)  

Quelle est l’utilité de l’ESS dans le capitalisme ?
Quand on voit le chiffre sorti récemment par OXFAM « 82% des richesses créées l’an dernier ont bénéficié aux 1% les plus riches » «  Le patrimoine des milliardaires augmente six fois plus vite que la rémunération du travail. »(2)
Je m’étonne toujours que le débat sur le travail ne soit pas plus central aujourd’hui.
Le travail dans les deux sens du terme :
1. Travail concret : l’activité que nous avons, la production de valeur d’usage et
2. Le travail abstrait qui produit la valeur économique, celle dont on parle ci dessus.
En exprimant la valeur économique par le travail abstrait (travail produisant de la valeur d’échange), le travail concret (travail produisant de la valeur d’usage) est l’enjeu de la production de la valeur. C’est là que l’ESS est intéressante car l’activité (ce que l’on fait, ce que l’on produit) est au centre de l’intérêt général.
La pratique de l’ESS a un retour bénéfique au niveau social et environnemental «… les parties prenantes d’un territoire savent additionner leurs compétences, expériences et connaissances au service de l’intérêt général. » Les exemples sont nombreux dans l’ESS, (les coopératives, les associations).
Alors pourquoi l’ESS n’emploie pas plus de monde ?
L’ESS représente très peu en France dans la production du PIB (10% ) Même si elle est en nette progression ces dernières années (ce qui pose d’ailleurs un peu plus la question à mon avis ?) c’est un peu plus de 2 millions d’emplois quasi autant que l’auto-entreprenariat (quelquefois confondus d’ailleurs).
Pour comparaison, la fonction publique, qui représente 20% de l’emploi en France, c’est un peu plus de 5 millions de personnes, quasi 7 millions si l’on ajoute les assimilés et autres bénéficiaires du Régime Général (qui lui est attaqué de toute part depuis les années 80). Pourquoi attaqué de toute part d’ailleurs ? N’y a t-il pas un lien avec le chiffre annoncé par OXFAM ?
La comparaison vaut la peine car la socialisation de la richesse obtenue à partir de 1946 avec le Régime Général met en lumière la notion de travail et de la production de la valeur économique et non pas de son partage.
Il faut se réapproprier la production de la valeur.
La maîtrise du travail c’est la maîtrise de l’argent (et non pas l’inverse !)
Décider ce qui constitue du travail dans le champ immense des activités, faire des vidéos, faire un potager bio, s’occuper de sa voisine âgée, décider des postes de travail, de leurs localisations, de leurs objets, de leurs titulaires et de leurs rémunérations, voilà ce qui devrait être le débat aujourd’hui et qui est central pour les acteurs et défenseurs de l’ESS.
Il est donc essentiel de repenser le travail et le statut du producteur et le régime de propriété. (Les coopératives sont un bel exemple).
La reconnaissance par « l’institution ESS » ce sont des emplois à haute valeur sociale et environnementale, des emplois qui servent le commun, la communauté.
L’obsolescence des objets produits dans les manufactures, ne sont par reconnus par « l’institution ESS ». Les emplois inutiles de plus en plus nombreux non plus. La classe dirigeante a le monopole des institutions de la valeur, il faut que cette dernière devienne commune.
Si aujourd’hui l’hôpital vit une crise majeure, ça n’a pas toujours été le cas. Grâce à l’augmentation des cotisations salariales entre 1946 et 1979 (gel total des taux en 1979) les hôpitaux ont été construits et ont produit du soin et de la « richesse », sans rembourser une dette comme aujourd’hui. L’augmentation de la cotisation a permis l’investissement non pas par un prêt mais par de la subvention.
Alors, si l’on veut que l’ESS soit la norme il faut reconnaître le travailleur comme producteur de la valeur et non pas être dépendant du pouvoir d’achat qui est notre force de travail (La force de travail correspond au salaire qui est nécessaire pour la reproduire, c’est-à-dire pour que le travailleur soit apte à travailler de nouveau.)
Sinon l’ESS sera toujours utile pour combler les manquements de l’état social avec la destruction progressive des emplois du service publique transférés dans le privé.  Nous resterons attachés à des emplois précaires et un revenu de base pour subvenir à nos besoins et donc, à une nouvelle progression des patrimoines des milliardaires.

SOURCES :
(1)  [endif]SOCIALTER http://www.socialter.fr/fr/module/99999672/576/french_impact__qfaisons_tomber_les_barrires_de_lconomie_sociale_et_solidaireq
(2) OXFAM https://www.oxfam.org/en/even-it/5-shocking-facts-about-extreme-global-inequality-and-how-even-it-davos

« Penser le monde associatif comme un monde du travail »
Par Matthieu Hély
Cet ouvrage démontre ainsi que la catégorie des « travailleurs associatifs » constitue désormais une fraction du salariat que l’on ne peut plus ignorer. Car l’explosion du travail associatif ne peut être interprétée en dehors des mutations de la fonction publique, tout simplement parce que ce travail incarne une forme alternative de service de l’intérêt général. De fait, le salariat dans le secteur associatif représente une alternative de plus en plus sérieuse à la raréfaction des postes de fonctionnaires, en particulier pour les jeunes sortants de formation qui, en d’autres temps, se seraient destinés à servir la collectivité en intégrant la fonction publique.

« Comment vaincre Macron, et donc le Medef ? »
Par Bernard Friot
En retrouvant la fierté de notre histoire populaire, qui est une histoire d’émancipation du travail, pour sortir le débat public de la fange de la xénophobie et prolonger les conquêtes du mouvement ouvrier au XXe siècle. Le temps est venu de donner un contenu économique concret à l’audace démocratique de l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : les humains naissent et demeurent libres et égaux en droits. Toute personne majeure résidant sur le territoire national doit être dotée de trois droits inaliénables:
– la propriété d’usage de l’outil de travail afin de faire les choix majeurs dans l’entreprise ;
– la participation à la délibération des caisses chargées de subventionner l’investissement à la place du crédit bancaire et des groupes capitalistes ; – le salaire à vie afin que, assurés de notre reconnaissance sociale, nous décidions au travail en toute liberté.
En prenant en main l’investissement et les entreprises, nous vaincrons Macron, et nous sortirons la production de la folie écologique, anthropologique et territoriale du capitalisme.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.